BILLET DE LA PRÉSIDENTE
Pas de flouze, pas de flux…

Des consommateurs floués !

Il y a des anniversaires qu’il est préférable de ne pas souhaiter. Il y a près d’un an déjà, je m’étais ici-même ému de la situation concernant les relations entre fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et chaînes de télévision au regard des dérives à attendre. L’actualité de ces derniers jours n’a fait que confirmer que les craintes que j’émettais étaient fondées.

Pour rappel, il est question de la capacité des FAI de diffuser les chaînes de la TNT. Certains éditeurs de ces chaînes, et aujourd’hui plus que jamais TF1, contestent que cette diffusion puisse se faire sans rétribution. Si ces services de replay sont aujourd’hui inaccessibles sur certaines box, les chaînes en flux continu pourraient disparaître au profit d’écrans noirs, pour les abonnés d’Orange particulièrement, comme des informations parues aujourd’hui même le laissent à penser. Outre un problème immédiat lié à l’absence d’un accès facilité à l’ensemble des chaînes de la TNT qui se pose, un souci plus profond d’une différenciation des FAI sur leur capacité à proposer la TNT, et ses services annexes, émerge. Il paraît en effet incroyable, alors que la qualité des réseaux tout comme les prix doivent logiquement être les principaux facteurs différenciant les offres du marché, que la programmation ou non de la TNT vienne perturber le choix des consommateurs.

Dès la fin 2016, l’UFC-Que Choisir avait alerté le CSA sur ces dérives en lui demandant d’intervenir soit en tant que tiers de confiance, en maniant la carotte, soit idéalement en tant que régulateur… en régulant par le bâton !

Ce n’est que mercredi dernier que le CSA, se voulant peut-être figure de proue du mieux vaut tard que jamais, « a pris connaissance avec attention des informations relatives aux discussions en cours entre un groupe éditant des services de télévision gratuits pour le public et des distributeurs [et a] souhaité exprimer sa préoccupation et manifester sa disponibilité pour accompagner et faciliter ces discussions, en prenant en compte l’intérêt des téléspectateurs et la situation économique des opérateurs concernés ». Tardif. Timide. Mais comme je ne me résous pas à ce que le CSA ne prenne pas le taureau par les cornes, j’adresse à son Président un courrier lui demandant de prendre rapidement, dans le respect de ses prérogatives, toutes les mesures garantissant que l’équilibre entre éditeurs de contenus et diffuseurs ne nuise pas aux consommateurs.

Alors qu’un projet de loi sur l’audiovisuel public est annoncé pour cette année, il serait de bon ton que les ondes gouvernementales brassent plus large en prenant en compte l’ensemble des problèmes concernant l’audiovisuel, particulièrement dans un contexte de profonde transformation numérique et d’évolution des usages. Si le CSA semble pour l’heure ne pas vouloir manier le bâton, l’UFC-Que Choisir, elle, prendra le sien pour faire en sorte qu’en matière d’accès à l’audiovisuel, l’intérêt consumériste soit gravé dans le marbre législatif.

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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